En mars 1928, Mr Denis Boissieu déposait la marque Styl'son. Il avait précédemment déposé la marque Wilson le 02 février 1928.
Extraits de la revue "cycle et automobile industriels " du 9 décembre 1928.
En juin 1928, avec effets rétroactifs au 1er janvier, les Etablissements David deviennent la SRL des Anciens établissements David, Société d’Industrie Mécanique dite A.D.S.I.M, sise, impasse Brossard au Chambon-Feugerolle dans une ancienne maison d’habitation louée à M. Garoux. Ceci étant, l’A.D.S.I.M. n’est qu’une société commerciale incorporée à la SRL Boissieu et David ce qui permet tout de même à nos deux associés (les beaux frères) d’opérer à une réorganisation industrielle de leur activité dans les deux bâtiments d’habitations (rue Michelet et impasse Brossard) qui font partis d’un ensemble d'immeuble unique et cohérent offrant 800m² couvert que sépare deux cours intérieures de 300m² chacune. En outre, Mme Vve David prête gratuitement à son fils et à son gendre une ancienne maison d’habitation de 900m² couverts avec terrain située route de Saint-Romain et distante de 400m de l’usine principale. Ils peuvent maintenant organiser la production des motocyclettes Styl’son et Moto-Monté. Dans celle de l’impasse, on y trouve le bureau de la direction et celui de M. Bourrelier ainsi que des ateliers d’usinages et de montages répartis au rez-de-chaussée et au premier étage ; quant à celui de la rue Michelet, il comprend les magasins de matières premières et de pièces détachées ainsi que le stockage des machines finies ; les deux hangars sont les ateliers de peintures. Toutefois, la Société ne possède aucune machine-outil importante, mais seulement les bancs et outils individuels nécessaires aux opérations de montage, une forge, des petites installations de soudure autogène, de brasage, de polissage et d’émaillage. Rue Saint-Romain, l’outillage est encore plus sommaire. Le Crédit Lyonnais notera que l’organisation de la SRL Boissieu et David est dans l’ensemble très défectueuse alors que les machines Styl’son commencent à jouir d’une excellente réputation. Bref, chez Styl’son/Moto-Monte, on ne fabrique rien sinon peu de chose. MM. Boissieu et David ont donc fait le choix d'acheter et d’assembler des pièces détachées homogènes et finies : cadres et pièces détachées AYA, moteurs JAP de chez Moto-Comptoir et Burney-Blackburne importés d’Angleterre, carburateurs AMAC, boîtes de vitesses Bridier-Charon puis Burman & Sons de Birmingham, magnétos MEA puis France Lyon (moins chère), selles Terry, pneus Dunlop… Pour au final produire d’excellentes motocyclettes. D’ailleurs, ces deux messieurs interrogés par le Crédit Lyonnais ne s'embarrassèrent pas en affirmant qu’ « il est clair dans leurs esprits que la Styl’son devait tenir parmi les marques de motocyclettes, la place qu’occupe actuellement la Bugatti parmi les marques d’automobiles (machines de vitesses et de courses) » (sic). En cette année 1928, l'A.D.S.I.M - SRL Boissieu et David livra 358 machines générant un chiffre d’affaires de 1 204 000F.
Si l’on veut appréhender parfaitement de ce qu'il advint de cette aventure industrielle, il faut aborder le rôle joué par M. Bourrelier qui est certainement le seul dans cette péripétie à faire preuve d’une lucidité glaciale, qui l’en blâmerait ? Tout d’abord, son salaire est tout simplement mirobolant puisqu’il pointe à 4 000F par mois. En outre, s’il livre ou fait livrer 1 000 motocyclettes dans l’année en cours, il touchera une prime de 100 000F et 200F par machine livrée au-delà. Dans ces conditions, M. Bourrelier ne fut donc pas regardant quant à la solvabilité et à la moralité des agents qu’il recrute difficilement, car dans ces régions, ceux-ci sont déjà très sollicités par la concurrence et cela depuis de nombreuses années. Ainsi, M. Bourrelier convainc ses patrons qu'il faut leurs consentir des remises élevées et des conditions de paiements avantageuses avec des traites de 90 et 120 jours qui ne débuteront qu'à la fin du mois de livraison, et qui pourront même être reportées en cas de mévente. A titre d’exemple, en 1929, une R.I. 2 JAP est vendue aux agents 4 845F avec une ristourne supplémentaire de 514F si la vente est à crédit, ce qui ne rapporte à l’A.D.S.I.M qu’un bénéfice brut de 2 222F alors que le client déboursa lui, 5 700F. Mais par rapport à la concurrence, une HOT ou HST Terrot par exemple, cette R.I. 2 JAP en vaut près de 1 000F de plus. Dans ces conditions, M. Bourrelier use et fait abuser de la pratique du dépôt-vente. La spirale est amorcée, les commandes affluent et la production s'emballe au Chambon-Feugerolles alors que la clientèle n’est toujours pas au rendez-vous !
En outre, n’écoutant qu’eux-mêmes et pour flatter leurs ego – ne voulaient-ils pas être les Bugattistes à deux ou trois roues – MM. Boissieu et David décident d’investir dans la compétition. Pour ce faire, M. Bourrelier, en bon opportuniste, prend lui-même le guidon en course, avec une certaine réussite, il faut le lui consentir. Ceci lui permit de faire du « prosélytisme » pour recruter de nouveaux agents et en particulier ceux ayant d'excellentes réputations en course, quittent à leur promettre la lune ! L’as René Amort fut l’un d’entre eux.
Tout ceci contribue donc à rendre la marque Styl’son extrêmement offensive, générant une véritable culture d’entreprise qui ne se démenti jamais. On baigna dans l’euphorie au Chambon-Feugerolle puisque rien qu’au premier trimestre 1929, on avait livré 177 motocyclettes engendrant un chiffre d’affaire théorique de 760 000F et la saison n’allait pas s’arrêter là ! Ce regain d’activité fait croître exponentiellement les effectifs qui passeront d’une quinzaine d’employés à une centaine au début de l’année 1930. Très vite la SRL Boissieu et David est consciente qu’elle ne pourra pas répondre aux commandes des agents alors que la clientèle n'achète quasiment rien! Je le rappelle. Ceci étant, de leurs bulles, MM. David, Boissieu et Mme Vve David empruntent personnellement 5 000 000F à la banque De Boissieu et Cie, banque Nationale de Crédit, Société Générale et Crédit Lyonnais pour pouvoir ériger l'usine dite de la Chaux sur le terrain contigu à l’atelier de la route de Saint-Romain dont la propriétaire est Mme Vve David. Ce nouvel atelier est principalement destiné à l’émaillage des réservoirs, le montage des roues et le finissage des machines.
Suite à l'acceptation du crédit pour la construction de l'usine de la Chaux, le 26 avril 1929, la SRL Boissieu et David devient la société anonyme dite Société des Motocyclettes Styl’son au Chambon-Feugerolles, au capital de 1 500 000F réparti entre Denis Boissieu, Mme Vve David et Jean David. M. Denis Boissieu est nommé administrateur unique jusqu’à l’assemblée générale de 1930 qui eut lieu le 15 septembre 1929. Quant à Jean David, il occupe les fonctions de directeur d’usine.
Des motos prêtes à la livraison., devant les fenêtres de l'atelier. Peu d'éléments à extraire de cette photo charbonneuse, de 1929, avec 10 Styl'son. Peu de machines disposent de l'éclairage, la première est équipée d'un phare optionnel de type Cyclope, pour un sportsman noctambule ... Les guidons "réversibles" sont montés soit "racing" soit "GT"
Le 9 décembre 1929 le capital de la Société des Motocyclettes Styl’son est porté à 2 000 000F par l’émission d’actions entièrement libérées détenues par Denis Boissieu, Jean David, Mme Vve David, Mlle Elise Robert et MM. Benoît François, Johannes Bernard. Cette et ces nouveaux investisseurs sont tous apparentés et amis de la famille David. Ce grossissement de capital correspond à la contrepartie d’un échange d’actions pour la construction en cours de l’usine par les trois premiers actionnaires.
Mais voilà, la gestion de la Styl’son est un exercice très périlleux car son actif est nul et se résume à la licence Styl’son estimée à 325 000F, à du matériel et outillage pour 409 000F, des marchandises en magasins pour 2 260 000F, des clients débiteurs pour 780 000 F et une clientèle virtuelle. En effet, l’année 1929 est une excellente année en terme de production puisque Styl’son aura livré 1 018 motocyclettes, représentant un chiffre d’affaires de 4 872 000F. Mais voilà, celui-ci n’est que théorique car il eut fallut que les agents aient trouvé la clientèle. En réalité, il faut donc extraire les salaires pour 497 000F, les clients débiteurs (pour mémoire) et les motocyclettes mises en dépôt-vente à compter du mois de septembre, soit près de 320 machines immobilisant 1 500 000F, les marchandises… Ainsi, il s'avère qu'après sa première année d'activité la Société des Motocyclettes Styl’son n'a encaissé que 698 000F au 30 juin 1929.
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Pris à la gorge, la Styl’son n’a d’autre solution que la fuite en avant pour cette année 1930. On l’a vue par le grossissement de ses effectifs mais aussi par la commercialisation d’une nouvelle gamme pléthorique et l’abandon de la marque Moto-Monté qui n’a jamais eu aucun succès. La crise d’octobre 1929 vient frapper le commerce mondial et en particulier celui des motocyclettes. D’ailleurs, les chiffres émis par la chambre syndicale du Cycle et du Motocycle sont éloquents et résument à eux seuls la catastrophe. Si en 1930 les constructeurs ont vendu 105 500 motocyclettes, en 1931, on tomba à 57 658 et l’année suivante ce fut pire avec 41 293 machines… Il faut donc séduire les agents et M. Bourrelier pratique alors ce que l’on pourrait aujourd’hui appeler le dumping. Il fait livrer gracieusement, avec les machines commandées, divers appareils de bords (montres, compteurs…) ce qui abaisse artificiellement le prix de vente à la clientèle. En outre, au début de l’année, l'usine Est de la Chaux est opérationnelle et la Styl’son est capable d’assembler 250 motocyclettes par mois.
Afin de capter la clientèle, en mars 1930, la SA Société des Motocyclettes Styl’son crée une filiale, la Société Auxiliaire de Crédit au capital de 352 000F. Cette société est censée inciter les agents à vendre en priorité les motocyclettes Styl’son en offrant à la clientèle la possibilité d'effectuer des achats à crédit. En conséquence, les agents obtiennent encore plus de largesse financière puisqu’ils ne sont que contrains de payer à la livraison le quart du prix de la machine et le solde avec 5 et 12 traites. Avec de tels avantages, les moins scrupuleux s’en donnent à cœur joie et les chiffres des machines livrées explosent. En effet, en 1929, la moyenne mensuelle des motocyclettes livrées était de 83 unités avec un pic en avril (120 unités représentant un chiffre d’affaires de 537 000F) et un creux en janvier (58). En avril 1930, on est passé à 257 motos alors qu’en mars Styl’son n’en avait livré que 141 (représentant un chiffre d’affaires théorique de 604 000F). Comme elles sont fournies avec des accessoires non facturés, le chiffre d’affaire s’écrase et la Société des Motocyclettes Styl’son implose. C’est ainsi que la Société Auxiliaire de Crédit renfloue la trésorerie de Styl’son à auteur de 17 000F et qu’elle implose à son tour. Fin juin, l’affaire est pliée, Styl’son cesse toute activité, le personnel est licencié début juillet alors qu’elle a livré 1 018 motos depuis le 1er janvier. Le chiffre d’affaires est artificiellement de 4 920 000F.
La mort dans l’âme M. Denis Boissieu dépose son bilan le 26 juillet 1930 et le Tribunal de Commerce de Saint Etienne nomme le 29 juillet suivant, M. Briban comme juge commissaire.
Le 25 août 1930, les créanciers se sont réunis et M. Briban leur exposa la situation. Les bénéfices de l'exercice de 1929 ont été employés à concurrence de 476 000 F pour l'amortissement des pertes antérieures et des frais d'installation dans la nouvelle usine ainsi que pour la rémunération des gérants de l'A.D.S.I.M à hauteur de 222 000F. Partie pour un programme de 3 000 machines représentant un chiffre d'affaires de l'ordre de 17 000 000F, la Styl'son n'a réalisé, du 30 juin 1929 au 30 juin 1930, qu'une recette de 7 432 000F amputés de 2 600 000F pour les salaires du personnel, les frais généraux (publicité, course, opérations spéciales de garantie…) et les commissions excessives imprudemment consenties aux voyageurs et à la direction commerciale si bien qu'elle laisse une ardoise de 895 000F. Ils découvrent en outre que la Styl’son ne possède rien, ni terrain, ni bâtiment… sinon un stock de marchandises évalué à 1 700 000F qui, avec les motocyclettes en réserve, peut générer 2 150 000F. Mais la vente de ce stock ne bénéficierait qu’uniquement aux 200 créanciers chirographaires inscrits pour des sommes inférieures à 5 000F sauf :
- Moto-Comptoir de Paris (importateur des moteurs JAP) pour 570 00F ;
- Burney-Blackburne d’Angleterre pour 332 000F ;
- Burman & Sons en Angleterre pour 298 000F ;
- J. Paya pour 297 000F ;
- Magnéto-France de Lyon pour 224 000F ;
- Dunlop pour 211 000F et Société de Monybard-Aulnoye pour 101 000F.
Dans cette perceptive, nous ne pourrions que nous partager qu’un petit million sur le total de l’actif réalisable après la vente de la marque, du réseau d’agents et de l’outillage s'il y a un ou des repreneurs. Au pire, la perte pour les banques sera au moins égale à 6 000 000F. Toutefois, M. Briban et le Crédit Lyonnais arrivèrent tous les deux à la même conclusion, celle de poursuivre raisonnablement l’activité de la Styl’son. Si celle-ci persistait, alors il serait envisageable de pouvoir dégager des bénéfices et récupérer sur 3 ans les sommes investies d’autant plus que M. Denis Boissieu qui jusqu’ici à fait preuve d’incapacité en matière commerciale et financière propose sa collaboration qui sans elle, entraînerait une perte probable supplémentaire évaluée à 1 620 000F d’après la situation des agents. Le concordat devra donc nommer un nouveau directeur performant. Après études du dossier, le 18 septembre 1930, l’ensemble des créanciers décidèrent de former à l'hiver un concordat à auteur de 50% de la dette, dénommé « Société Commerciale et Industrielle de Mécanique » dite S.C.I.M. exploitant la marque Styl’son et l'usine de la Chaux. C'est ainsi qu’à l’automne, la S.C.I.M réembauche une vingtaine d’ouvrier et une dizaine d’employés pour assembler avec les pièces du stock 351 motocyclettes. La cadence de production est fixée de 14 à 50 machines par mois jusqu’en juin 1931. Pour l’exercice 31-32, la S.C.I.M commercialisa 584 motocyclettes Styl’son dont les ventes furent négociées au comptant avec une compression notable des frais généraux et de main d’œuvre. Le contrat du directeur commercial ne fut renouvelé que sur la base de 200F par motocyclette effectivement vendue. En outre, les contrats commerciaux furent révisés et ajustés sur ceux de la concurrence. Enfin, toutes les dépenses de publicité et course furent supprimées… Mais rien ni fit, le concordat ne put éponger les dettes de la Société des Motocyclettes Styl’son qui fut à nouveau déclarée en liquidation judiciaire, le 2 décembre 1931. Malgré cela, le concordat S.C.I.M persista…
La première, immatriculée 6441 JA 2, est un modèle A.F.C-101 type solo dont le numéro de série est 6441. Elle est équipée d'un moteur Staub® sport (n° 10 065) de 346,36cm³ à soupapes latérales et carter sec dont la bâche est constituée par les carters moteur formant une semelle sous le propulseur. Le graissage fait appel à une pompe à huile noyée dans le carter de distribution. Elle va puiser le lubrifiant refroidi dans la bâche via une crépine et un large puits venu de fonderie depuis le carter moteur droit. Le reniflard se trouve en haut du carter de distribution et le bouchon de remplissage-niveau à la partie supérieure de la bâche. La boîte de vitesses est une Staub à trois rapports avec embrayage à sec et disques multiples. La magnéto est une MEA à aimant tournant, le carburateur A.M.A.L sous licence A.M.A.C et l'éclairage Soubitez à accus. Ces accessoires sont du modèle admis aux fournitures de l'Armée. La transmission est réalisée par deux chaînes Brampton. Le frein arrière commandé par une pédale à droite est conjugué au frein avant par un câble souple. Enfin, les pneus sont des 27x4 et le poids en ordre de marche 154kg.
La seconde, immatriculée 6441 JA 2, est un modèle A.F.D-101 type sidecar dont le n° de série est 6440. Cette dernière Styl'son possède une architecture avec accessoires (carburateur, magnéto, éclairage, compteur, pneus…) calquée sur la A.F.C mais elle est équipée d'un moteur Staub sport (n° 10094) extrapolé du précédent en 492,84cm³ et d'une boîte de vitesses Staub à 3 rapports dont la structure est plus robuste. Les rapports de pignons entre le moteur et la boite est de 16/32 et de la boite et la couronne est de 16/48. Le poids de cette dernière est de 250kg. Cette moto est attelée à un side Bernardet à gauche. Mais pour ces deux Styl’son nous savons que la S.C.I.M, en association avec les Etablissements Chojean et l’ingénieur polonais Zygmut Wilman, étudièrent dès la fin 1931, un échappement refroidi et silencieux qui déboucha sur un brevet commun (723.844) accordé le 19 janvier 1932. Mais ce silencieux trop coûteux ne semble pas avoir été produit par la S.C.I.M. et nous ne savons pas si les Ets Chajean les exploitèrent pour l’aviation. Quoiqu’il en soit, la S.C.I.M ne le monta pas pour ces deux dernières motocyclettes. Quant à Zygmut Wilman, son nom resta irrémédiablement associé à l’aventure motocycliste…
Pour en savoir plus sur ce moteur Staub 500 cm³, et son dérivé en motoculture, Staub
Les essais débutèrent le 18 janvier 1933, après que les deux pilotes de Styl'son aient effectué le rodage des motocyclettes. Dans des conditions hivernales difficiles, verglas, neige et glace, routes très grasses et températures atteignant -6°c. D'emblée les deux pilotes de la C.E.M.A. qui prirent en main les deux Styl'son rendirent compte au capitaine Dombey, rapporteur de ladite commission, que si les tenues de route et les consommations sont comparables aux motocyclettes déjà en service (Peugeot P107, Terrot HSTA…), les deux Styl'son sont plus véloces (nerveuses) et beaucoup plus faciles à piloter, ce que confirme le tableau des performances mesurées.
En conséquence, le colonel Mennessier décida dès le 23 février 1932 que la motocyclette Styl'son de 350cm³ de la S.C.I.M avec moteur et boîte de vitesses Staub est admise aux fournitures de l'Armée. Le 16 mars, il décida que la motocyclette Styl'son de 500cm³ soit elle aussi admise car ces deux machines offrent des performances supérieures à celle des motocyclettes actuellement en service.
La 350 vue coté transmisssion.
Mais, nous le savons aujourd'hui, la Société Commerciale et Industrielle de Mécanique était dans l'incapacité, pour preuve au deuxième semestre 1933, la production est arrêtée mais la légende se poursuit pourtant. Faute de pouvoir obtenir les matières premières et les composants pour produire en série ces deux nouvelles motocyclettes, elles ne restèrent que d'excellents prototypes oubliés jusqu’à ce jour. L’obtention d’un marché public est une route longue et épineuse que la S.C.I.M ne pouvait plus prendre. L’ultime solution pour sauver la marque Styl'son aurait été que la C.E.M.A. fasse acquérir les prototypes par le Service des Forges et il aurait fallu que le Service Central des Marchés et de Surveillance des Approvisionnements commande ces A.F.C-101 et A.F.D-101. Mais j’ai bien peur que ces nouvelles Styl'son n'eussent été assemblées chez un grand constructeur national…
Toutefois, Styl’son n’en a pas fini d’agoniser et il faut attendre 1935 pour que le concordat jette définitivement l’éponge, aussi les banquiers décident-ils de vendre la marque Styl’son. C’est la société anonyme des établissements de Fabrication Industrielle de Motocyclettes et de moteurs d’Aviation, agricoles, amovibles et auxiliaires dite F.I.M.A. qui la rachète. Cette société fut créée le 15 janvier 1935 par MM Gustave et Raymond Coquard, père et fils, Jean et Henry Lapaire (frères), Jean Garnier. Elle a pour but la fabrication, l’achat et la vente des cycles et moteurs, vélomoteurs, motocyclettes, moteurs marins et autres et leurs dérivés ; exploite le brevet N° 799.088 pour un pédalier à débrayage pour motocyclette et vélomoteurs qui ne sera demandé que le 13 décembre 1935 ; et le capital fut fixé à 50 000F et le siège social est sis 3, place du Bachut à Lyon. Or, la FIMA a acquis la marque de motocyclette et vélomoteur Rhony’x®® et sa filiale nautique.
Cette dernière marque était la propriété des Etablissements de Construction Mécanique du Rhône « Moto Rhony’x » constituée le 11 janvier 1926 entre MM. Jean Boucher, Léopold Belleville et Louis Bastide au capital de 400 000F pour la construction et la vente des motocyclettes « Moto Rhône » à Bron avant d’être transférée à Lyon. La vie de cette société fut très tumultueuse et les fondateurs la cédèrent à un groupe d’investisseurs le 30 décembre 1928. Ceux-ci la transformèrent en société anonyme dont le capital atteint 3 500 00F en septembre 1930. Mais les affres du fameux crash entraînèrent Moto Rhony’x à la faillite le 4 juin 1931 ce qui permis à MM. Etienne Dugelay et Adolphe Gayet de la racheter.
Les nouveaux maîtres de Rhony’x constituèrent entre eux à Belleville sur Saône le 24 octobre 1931, la SRL (société à responsabilité limitée) pour la Construction de Motocyclettes et de Moteurs Industriels au capital de 350 000F pour l’exploitation de la Moto Rhony’x et tous accessoires s’y rattachant. Très vite, ceux-ci comprirent que le monde du deux roues était en grande déperdition et ils cédèrent plusieurs parts de leur affaire qui devint une société anonyme le 24 décembre de la même année. Le siège social fut transféré au 179, rue de la République, même ville, avant de se fixer 60, avenue Rockefeller à Lyon où la marque revint à la F.I.M.A. En fait, on doit au commandant Paul Thauzelier d’avoir racheté la marque Styl’son et de l’apporter à la F.I.M.A. le 29 avril 1936, époque où furent aussi intégrées les marques Moto Rhony’x, Fox et Noavrhony’x faisant bondir le capital à 400 000 F. La F.I.M.A. fut dissoute le 11 mars 1940 et liquidée le 3 avril alors que MM Dugelay et Gayet semblent avoir poursuivi leurs activités industrielles jusqu’en mai 1951 ... mais tout ceci est une autre aventure !
"Par l’assemblée générale extraordinaire du 20 septembre 1937, la dissolution de la société anonyme dite Société des Motocyclettes Styl’son a été décidée à dater de ce même jour. M. Denis Boissieu a été nommé liquidateur avec pleins pouvoirs. Le siège social a été supprimé et toutes significations doivent être faites au dit liquidateur domicilié à Digoin chez M. Claudius Boissieu, 3 avenue de la Gare ".
Voilà ce que fut la surprenante aventure de la Styl’son, un incroyable et improbable rêve nous laissant aujourd’hui de très belles et performantes machines. Avec seulement 30 mois d’existence, MM. Jean David et Denis Boissieu allèrent au bout de leur rêve et sans un sou, réussirent à produire 2038 motocyclettes. Plus fou encore, leur rêve ne fut rentable que 6 mois. Enfin, le palmarès de cette marque éphémère reste étourdissant. Quant à la suite de l’aventure, la Société Commerciale et Industrielle de Mécanique ne pouvait pas faire partie de ce monde insouciant même en réussissant bon an, mal an, à mettre sur le marché moins de 935 motocyclettes. Mais étaient-ce des Styl’son ?
Voilà certainement les raisons du mystère qui pesa sur cette aventure humaine et industrielle. Avoir été chez ou avoir une Styl’son n’est donc pas banal !
Remerciements :
DGA – Centre des Archives de l’Armement et du personnel civil ;
Archives Départementales du Rhône et de la Loire ;
Archives du Crédit Lyonnais ;
Archives de Société Générale ;
Bernard Lafleur.
Adjudant-chef Didier Mahistre
Avertissements :
Toutes les photos DGA du présent article sont issues des collections du Centre des Archives de l’Armement et du personnel civil. La communication et l’utilisation (reproduction – représentation) des photographies présentées sont soumises aux dispositions de la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1985 sur la propriété littéraire et artistique. Seul l’adjudant-chef Didier Mahistre en a obtenu l’autorisation d’exploitation.
1. Archives Publiques | 2.2. Archives Privées |
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1.1. Archives Départementales du Rhône RA – 273 - RC Villefranche 5079 RA - 727 RA - 5596 - RC Lyon 6009 RA914/8790 - RC Villefranche 8791 RA – 472- RC Lyon 100078 | 2.1. DGA – CAAPC 149 - 221.03.41.08.4 question 621 |
1.2 Archives Départementales de la Loire 1336W55 RA – 25147 du 28 janvier 1927 1336W55 RA – 26532 du 8 décembre 1927 | 2.2. Archives du Crédit Lyonnais DEEF 49862-2 N°7562 |
® - Georges Staub naquit à Paris en 1893. Après l’école Diderot il rentre dans l’atelier paternel du 23, rue des Acacias à Paris fondé en 1904, pour y faire son apprentissage (machines outil et pièces détachées). En 1913, il entreprend la fabrication des boîtes de vitesses puis ouvrira ses établissements 20, rue Jules Férry à Courbevoie en conservant néanmoins l’atelier primitif. En 1929, Georges Staub adjoint à ses fabrications des semis blocs-moteurs spéciaux, à boîte de vitesses amovible, robustes et bien conçus issu de la licence anglaise J.A.P. A cette époque Georges Staub faisait couler ses semi-blocs chez Zürcher à Courbevoie…
®® - Marques exploitées : Moto Rohny’x, Moto Rhône, Fox et Noavrhony’x.
®®® - La marque de moteur Stainless fut déposée en 1930 par la société de Mécanique Générale année à laquelle elle s’installa 2, rue Pierre Berthier à Villefranche-sur-Saône. Cette société fut constituée au 11, rue Monplaisir Villefranche-sur-Saône, le 24 août 1922 par le mâconnais Joanny Gardette qui ne cessa son activité de mécanique automobile et moto que le 26 juin 1942.